A propos de nos idoles – Partie 3 : Le couple

Voilà une idole très répandue et qui fait beaucoup de ravages ! Pour construire un couple solide, il est vital d’être vraiment libéré de cette idole destructrice – et tant mieux, c’est ce dont nous allons parler aujourd’hui, en plus d’évoquer Justin Bieber, saint Augustin et le chocolat 🙂

Si ce n’est déjà fait, je vous invite à commencer par lire le premier article de notre série sur les idoles. Cette série doit beaucoup au travail d’Anne Merlo et je l’en remercie vivement ; je ne peux que vous inviter à écouter ses conférences et à lire ses livres sur le sujet !

Le couple, cette idole si attirante…

Qui n’a jamais regardé un couple amoureux avec envie ? Quelle fille n’a pas rêvé au moins une fois du « prince charmant » ? Quel célibataire n’a jamais ressenti une pointe de jalousie en apprenant que tel ou tel de ses amis sortait avec quelqu’un ?

Notre société présente le couple comme le chemin du bonheur, le modèle de notre existence. Paradoxalement, il n’y a jamais eu autant de divorces… Alors, couple = bonheur ? Pas forcément. Il n’empêche qu’être célibataire dans la durée est souvent très mal vécu ; quant au célibat choisi pour le Royaume (prêtre, religieux, consacrés…), il semble complètement délirant pour nos contemporains obsédés par le couple.

Les livres et les films à l’eau de rose, les comédies romantiques et les chansons d’amour jouent à fond sur cette attirance qu’opère l’idole du couple sur nous. C’est surtout vrai pour les filles. Les hommes, eux, seront davantage portés à regarder du porno (ce qui m’amène à penser que les films fleur bleue sont l’équivalent du porno pour les femmes – même si les conséquences et la gravité ne sont pas similaires).

Le couple, la solution à tout

Les célibataires ont souvent tendance à penser que tous leurs soucis viennent du fait qu’ils n’ont pas encore trouvé l’amour, et qu’être en couple sera LA solution. Grave erreur (je l’ai faite aussi, je vous rassure) ! Lorsque l’un d’eux commencera à sortir avec quelqu’un, certains de ses problèmes sembleront effectivement résolus, mais seulement pour un temps. Ceux-ci ressurgiront plus tard, au grand dam de l’intéressé, qui pensera que c’est sans doute parce que son conjoint n’est « pas le bon » !

Il y a ici un grand danger lié à l’idolâtrie. Nous plaçons nos espoirs dans le couple, dans notre conjoint, au lieu de les placer en Dieu. Nous croyons que l’amour d’une autre personne est la seule chose susceptible de nous combler vraiment, alors que seul Dieu peut nous combler. Le résultat ? Nous sommes sans cesse déçus et en souffrance.

En vérité, l’idole du couple détruit le couple. En idolâtrant mon conjoint, je lui demande de m’aimer comme seul Dieu peut m’aimer, j’ai envers lui des exigences inatteignables, et je ne suis jamais satisfait car, précisément, mon conjoint n’est pas Dieu. Ce genre de relation est toxique et étouffant et se finit souvent par une rupture ou un divorce. On se dit alors parfois que finalement, c’était bien mieux quand on était célibataire ! Ou on s’imagine que la solution se trouve auprès d’un autre homme/une autre femme. Et le cycle infernal continue.

Être en couple n’est pas le secret du bonheur…

…le secret du bonheur, c’est Dieu ! Tant que l’on n’a pas compris ça, on passe d’idole en idole, courant après une illusion qui nous éloigne de notre but. C’est vrai, un couple qui s’aime vraiment et a fondé sa relation sur le Seigneur pourra connaître un grand bonheur ; c’est également le cas pour une religieuse ou un prêtre qui vit pleinement de la grâce de sa vocation… ou pour un célibataire qui se sait comblé par Dieu !

Je me rappelle avoir été surprise en entendant une amie célibataire me dire qu’elle n’était pas vraiment heureuse car il lui manquait une pièce importante pour que sa vie soit « complète »… « Quand je serai mariée, que j’aurai des enfants, enfin je pourrai être épanouie et satisfaite de ma vie », a-t-elle poursuivi. Cela m’a rappelé à quel point je pensais comme elle il y a quelques années. Et pourtant, en regardant ma vie actuelle d’épouse et de maman, avec toutes les difficultés qu’elle comporte (et que je n’avais pas en tant que célibataire), je n’ai pas le sentiment d’être forcément plus heureuse que les autres 😅

Alors, please, cessons d’idéaliser le couple comme s’il était la clef de tout… C’est également l’avis du père Denis Sonet, dans son livre Mon célibat… j’en fais quoi ! :

« Le couple n’est pas tout. Ni le mariage. Tu peux parfaitement réussir ta vie en restant célibataire (…). Désacralisons le couple ! Le bonheur, ce n’est pas forcément « vivre à deux ». Les couples ont leur lot de problèmes… La solitude à deux peut s’avérer le pire de tous (…). Ce qui compte, ce n’est pas « l’état de vie », mais ce qu’on en fait. » Père Denis Sonet

Mon conjoint, cette personne imparfaite…

L’idole du couple n’attaque pas que les célibataires. Elle fait également énormément de ravages parmi les couples, sous différentes formes. Petite liste non-exhaustive des manifestations de cette idole au sein du couple :

  • Je veux rendre mon conjoint « parfait » (pour qu’il corresponde à l’idéal du couple que j’ai en tête)
  • Mon couple ne doit pas faire un seul faux pas (il faut absolument que mon entourage croie que nous sommes un super couple)
  • Je suis facilement déçu(e) par mon conjoint car il n’arrive pas à combler tous mes désirs
  • Mon statut social et l’intérêt que les autres ont pour moi ne peut venir que du fait que je sois en couple
  • Mon conjoint est mon reflet et le reflet de notre couple auprès des autres, il doit donc être irréprochable
  • Je compare souvent mon couple et mon conjoint aux autres couples et conjoints (autour de moi et dans les films)
  • Je râle souvent contre mon conjoint et l’accuse de mes propres difficultés à être heureux(se) et épanoui(e)
  • J’attends avec impatience que mon conjoint change car je ne peux pas être comblé(e) tant qu’il reste tel qu’il est
  • J’aime mettre en scène notre couple devant les autres ou sur les réseaux sociaux car j’ai envie qu’il « fasse rêver »
  • Etc.

Comme toutes les idoles, l’idole du couple est un véritable caméléon, ce qui la rend plus difficile à démasquer. Une autre idole similaire, l’idole du conjoint, peut s’ajouter ou se substituer à elle. C’est typiquement cette idole qui nous pousse à idéaliser notre conjoint, à être persuadé qu’il est mille fois mieux que nous-même, qu’il a toujours raison, que nous ne sommes pas grand chose à côté de lui… Nous attendons alors tout de lui, et il devient véritablement notre dieu.

Cette idole du conjoint est particulièrement visible aux débuts d’une relation amoureuse, quand nos hormones sont au plus haut et que les qualités de l’autre semblent extraordinaires. On ne reste généralement pas dans cette phase d’idéalisation, qui disparaît au fur et à mesure que les défauts du conjoint apparaissent. Mais certaines personnes continuent cependant à idolâtrer leur mari ou leur femme dans la durée, souvent par manque de confiance en elles-mêmes ou à cause d’un problème d’estime de soi.

Or ce n’est pas de l’amour

Aimer l’autre et l’idolâtrer ne sont pas compatibles… Pourtant, nous confondons bien souvent amour et idolâtrie, avec des expressions comme « Tu es toute ma vie », « Je ne peux pas être heureux(se) sans toi », « Mon bonheur, c’est toi », « J’ai besoin de toi pour vivre »… Les films, les livres et les chansons d’amour nous entretiennent bien souvent dans cette confusion.

Cela me fait penser à cette chanson d’Ed Sheeran et Justin Bieber qui passait tout le temps à la radio il y a un moment :

« I don’t care when I’m with my baby, yeah
All the bad things disappear
And you’re making me feel like maybe I am somebody »
I don’t care

Petite traduction : « Je n’en ai rien à faire quand je suis avec mon bébé (c’est un surnom affectueux, pas littéralement un bébé, hein), toutes les mauvaises choses disparaissent et tu me fais me sentir comme si j’étais peut-être quelqu’un ». Si, comme dans cette chanson, c’est notre conjoint qui nous sauve des problèmes et de notre manque d’estime de nous-même, c’est qu’il prend la place de Dieu dans notre vie. Dieu seul sauve, Dieu seul sait qui nous sommes et peut nous réconcilier avec nous-même.

Story time

(On parle beaucoup anglais dans cet article !)

Pendant longtemps, quand je n’allais pas bien, j’attendais de pouvoir en parler avec mon mari pour aller mieux. Je ne voyais pas d’autre issue à mon mal-être. S’il n’avait pas le temps de m’écouter, ou s’il avait lui-même des soucis, c’était comme si le monde s’écroulait autour de moi : comment allais-je faire pour m’en sortir ?

Dieu m’a montré que Lui seul pouvait véritablement me combler et m’aider. J’ai donc progressivement cessé de mettre cette pression sur mon conjoint, et j’ai pris l’habitude de me tourner d’abord vers Dieu quand je vais mal. J’ai encore des progrès à faire dans ce domaine, mais quelle libération ! J’ai découvert l’action concrète de Dieu dans les moments difficiles et cela a renforcé de manière incroyable ma relation avec Lui. Quant à la relation avec mon mari, elle est beaucoup plus saine, car je ne lui demande plus d’être mon sauveur.

Je vous souhaite à vous aussi d’expérimenter que Dieu seul peut nous combler. Pendant longtemps, quand je n’allais pas bien, il fallait que je mange quelque chose de sucré tout en scrollant sur internet pour me changer les idées avant que mon mari puisse enfin m’écouter et m’aider 🙂 Cela m’a demandé énormément d’efforts, mais grâce au Seigneur j’arrive de mieux en mieux à quitter ces vieux réflexes et à me réfugier dans le cœur de Dieu au moindre « coup de mou ». Spoiler : c’est bien plus efficace que le chocolat, même si moins tentant au départ.

Bien sûr, parler à notre conjoint est essentiel, je ne dis pas le contraire. Mais à présent, je lui parle de mes difficultés après en avoir d’abord parlé au Seigneur, et ça change tout. Je n’attends plus de mon mari qu’il soit la solution à mes problèmes. Si je les lui partage, c’est avant tout pour être toujours plus en communion avec lui, pas pour obtenir son attention ou me plaindre pendant des heures.

Conclusion

L’idole du couple est certes dangereuse mais le Seigneur peut nous en libérer, pour peu que nous en prenions conscience et que nous nous tournions vers Lui. Il n’y a pas de fatalité ! Saint Augustin lui-même, docteur de l’Église, a connu cette idolâtrie :

« Je n’aimais pas, j’étais amoureux de l’amour »
Saint Augustin

Je voudrais conclure sur cette simple réflexion : notre couple est un couple à trois avec le Seigneur, il est donc vital que nous ne transformions pas notre conjoint ou notre couple en dieu tout en nous passant de Dieu dans notre relation. Le Seigneur ne cohabite pas avec les idoles !

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J'ai voulu créer ce blog quand, encore lycéenne, je me suis mise à chercher des infos sur la vision chrétienne du couple et des relations, et que je n'ai rien trouvé d'intéressant sur internet ! Aujourd'hui, quelques années ont passé, je suis mariée depuis 2019 et maman de trois petits bouts - et vous êtes sur le blog que la lycéenne que j'étais rêvait de créer :)

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