Se marier jeune : ce que j’aurais aimé savoir

Eh oui, je me suis mariée à tout juste 22 ans… A l’époque (pas si lointaine), je connaissais peu de couples mariés jeunes (disons, mariés à moins de 25 ans). Mais je constate que ce n’est pas si rare, finalement ! Si toi aussi tu chemines vers le mariage alors que tous tes potes sont encore de grands ados, ou tout simplement si tu te poses des questions sur le fait de se marier plus tôt que la majorité des gens, cet article est fait pour toi 🙂

Petit avertissement : cet article n’a pas vocation à promouvoir le fait de se marier jeune. Il vise uniquement à aider les couples qui se sont rencontrés tôt et cherchent à cheminer vers le mariage.

Se marier avant 25 ans, à éviter ?

Selon les personnes que vous aborderez, vous rencontrerez parfois des avis tranchés du genre : « Si vous vous mariez à votre âge, vous gâchez votre jeunesse ! ». J’ai eu peu de réflexions aussi directes, mais croyez-moi, quand je me suis fiancée à tout juste 19 ans, j’ai vu davantage de regards d’inquiétude que de sourires de félicitations !

Dans certains milieux, il est courant de se marier jeune, et même très jeune (à 18 ans par exemple). A l’inverse, dans d’autres milieux, cela peut être très mal vu. Mes parents ont eu beaucoup de mal à avaler la pilule, et certains de leurs amis leur ont d’ailleurs dit qu’ils n’auraient jamais accepté que leurs enfants se marient aussi jeunes. Les temps changent, ce qui constituait la norme il y a un siècle est aujourd’hui bien souvent perçu comme une erreur de jugement.

En réalité, parmi tous les couples que je connais et qui se sont mariés jeunes, aucun ne regrette son choix. La famille de mon mari est d’ailleurs abonnée aux mariages précoces, à commencer par mes beaux-parents, mariés à 21 et 22 ans… et, des dizaines d’années plus tard, rien ne les différencie des couples mariés plus tardivement (si ce n’est qu’ils sont grands-parents alors que la plupart de leurs amis du même âge ont encore de jeunes enfants 😅).

Les contraintes liées à l’âge

Il est vrai que se marier jeune comporte certaines contraintes que ne rencontrent pas les couples plus âgés. La première d’entre elle est l’indépendance financière… Si les études ne sont pas finies, que le couple n’est pas autonome en ce qui concerne le budget, qu’il n’a pas la capacité de subvenir lui-même à ses besoins et à ceux de ses futurs enfants, cela rend très difficile d’envisager sereinement le mariage. La juste indépendance financière est une question cruciale, et un vrai piège dans lequel peuvent tomber les jeunes couples de 20 ans.

C’est ce que souligne Marie-Laure de Salins, conseillère conjugale et familiale au Cler, dans un article de Famille Chrétienne (n°1821) :

« Le risque, quand des parents subviennent aux besoins des jeunes mariés, c’est qu’il y ait une mainmise parentale sur ce couple »
Marie-Laure de Salins

Cette mainmise peut s’observer avant le mariage, lors des fiançailles, les parents imposant parfois certaines études à leurs enfants sans tenir compte de leur projet de mariage. Il peut aussi y avoir du chantage concernant l’organisation du « grand jour » : les parents refusent de participer aux frais du mariage si celui-ci a lieu avant l’obtention du diplôme, par exemple.

Je connais plusieurs couples (et c’est d’ailleurs mon cas) qui se sont mariés avant d’avoir terminé leurs études. Ce n’est pas à mes yeux un problème dans la mesure où le couple a une totale indépendance financière. Ainsi, mon mari et moi avons pu nous débrouiller, entre alternance et jobs étudiants, pour payer une bonne partie du mariage et être autonomes une fois mariés.

Quitter son père et sa mère, un vrai défi

Quitter ses parents, comme nous l’enseigne la Bible, est un défi à tout âge. Mais c’est particulièrement vrai pour les couples jeunes. Quand j’ai commencé à fréquenter celui qui deviendrait mon mari, cela a été un vrai choc pour mes parents qui ne s’attendaient pas à ce que je me mette en couple à 18 ans. Ces derniers m’ont même avoué s’être posé la question de m’interdire de voir mon futur mari, ce qui aurait été facile pour eux car lui et moi n’habitions pas dans la même ville et je n’avais pas encore le permis.

Pour beaucoup de parents, cela peut-être compliqué de laisser partir son enfant plus tôt que prévu. Et en tant qu’enfant, il n’est pas simple non plus de quitter ses parents alors qu’on vit encore chez eux et qu’on dépend d’eux financièrement. J’ai ainsi été tiraillée pendant toute la durée de mes fiançailles entre ma loyauté à mes parents et la loyauté que je désirais avoir envers mon futur mari. J’étais encore dans une forte idéalisation (et même idolâtrie) de mes parents, que j’avais très peur de décevoir.

Cela peut arriver à tout âge, bien sûr. Mais lorsqu’on se met en couple avant d’avoir entamé le processus de distanciation vis-à-vis de nos parents (qui est normal et habituel, et que chacun traverse à un moment de sa vie), ce processus se vit alors en même temps que la construction du couple, ce qui est loin d’être évident. Il faut en être conscient, même si dans certains cas cela se passe très bien (heureusement !).

Se faire accompagner

Les parents peuvent chercher à aider le couple à la manière d’un accompagnateur, inquiets pour leurs enfants si jeunes, et désireux de les empêcher de faire des erreurs. Mais c’est quelque chose qu’il faut à tout prix éviter à cause de la mainmise parentale que cette situation entraîne. Le manque d’assurance, fréquent et normal, des jeunes fiancés, est bien souvent utilisé contre eux par leurs parents (plus ou moins consciemment). De l’aide au contrôle, il n’y qu’un pas, qui peut vite être franchi…

Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas être accompagnés, au contraire ! C’est primordial pour chaque couple, et d’autant plus pour un couple jeune. Attention à choisir quelqu’un avec suffisamment de recul – on peut difficilement être juge et partie. Un prêtre, une religieuse, un couple plus âgé peuvent être d’excellents accompagnateurs, à condition qu’ils soient assez disponibles pour répondre à vos questions et prendre le temps de vous écouter.

Et si je peux me permettre un conseil : choisissez quelqu’un avec qui vous pourrez parler en vérité, sans faux-semblants. Quelqu’un devant qui vous pourrez vous montrer vulnérable. Quelqu’un qui n’a pas de jugements préconçus sur le couple et sur la vie. Pour beaucoup de fiancés, l’accompagnement se résume à évoquer quelques points importants (chasteté, réflexion sur le mariage, communication…) tandis que des sujets essentiels et de vraies difficultés sont à peine balayés, voire évités (relations parents-enfants, liberté dans le couple, poids du passé, blessures…).

La question de la maturité

La maturité est souvent la principale raison pour laquelle les gens sont opposés aux mariages précoces. Moi-même, il m’a été si souvent rabâché que je n’étais pas assez mature pour me marier que je préfère en rire maintenant 🤪 Mais avec le recul, c’est à mes yeux une mauvaise question.

Pourquoi ? Eh bien, tout d’abord parce que la maturité est au fond une notion bien subjective. En ce qui me concerne, ma famille était persuadée que j’en manquais dramatiquement, tandis que beaucoup de personnes de mon entourage soulignaient au contraire à quel point ils me trouvaient mature pour mon âge… Sur quoi se base finalement ce calcul du niveau de maturité d’une personne ? Difficile à dire.

A mes yeux, un couple qui a un vrai désir de discerner et cheminer en vue du mariage, dans l’amour et la vérité, en étant pleinement conscient de la portée de ce sacrement, peut être considéré comme suffisamment mature pour se fiancer et se marier. Personne n’est parfait. Nous faisons tous des erreurs. Et nous sommes tous des « sauvés », que Dieu vient visiter, guérir, restaurer. D’ailleurs, on peut être infiniment mature aux yeux du monde, et terriblement immature dans notre vie spirituelle. Si le mariage est une vocation, c’est donc la profondeur et la solidité de notre relation à Dieu qui comptent, avant toute considération matérielle.

Se marier jeune, c’est sympa aussi 🙂

Je parle beaucoup des points de vigilance dans cet article mais il faut reconnaître que se marier jeune comporte quand même quelques sérieux avantages ! Le premier pour moi étant qu’on découvre la vie aux côtés de son conjoint, en même temps que lui – ce qui crée un lien très fort et beaucoup de souvenirs communs.

La vie étudiante, les premiers salaires, les premières vacances sans papa et maman, tout cela nous l’avons vécu ensemble, mon mari et moi, et c’est une chance que je mesure de plus en plus avec le temps. Le fait d’être en couple aussi jeune nous a aussi très vite responsabilisés, ce qui nous a évité bon nombre de bêtises (pas toutes !) comme les sorties incessantes en boîte, les expériences douteuses ou les cuites à n’en plus finir.

Pour autant, je n’ai pas eu le sentiment de sacrifier ma jeunesse à cause de mon couple (je trouve d’ailleurs dommage qu’on puisse voir le couple comme un boulet ou une prison, mais c’est un autre débat). En voyant mes amis célibataires qui désespèrent de trouver un jour la bonne personne, je ne peux que remercier le Ciel de m’avoir épargné ces années difficiles d’attente. S’être rencontrés jeunes, puis s’être mariés jeunes, a finalement été une vraie grâce pour nous.

A chaque histoire, sa croix

Je ne crois pas en l’existence d’un modèle unique de vie que nous devrions tous suivre, bien au contraire. Même au sein d’une même vocation (en l’occurrence, le mariage), nous empruntons tous des chemins bien différents, parfois même radicalement opposés, ou presque. Et cela fait partie de l’inventivité de l’Esprit, qui souffle où Il veut, sans que personne ne puisse savoir d’où Il vient ni où Il va !

Il y a donc des avantages et des inconvénients à se marier jeune, tout comme il y en a à se marier plus âgé, voire à ne pas se marier du tout. Chaque histoire contient son lot de grâces, tout comme son lot d’épines. Pour mon mari et moi, se marier jeune a été une vraie bénédiction, qui nous a sans doute évité pas mal d’errances et nous a fait grandir en profondeur, mais ce serait faux de dire que la Croix a été exempte de notre histoire de couple.

Quand j’entends des célibataires envier notre parcours, je ne peux m’empêcher de penser que la Croix n’est pas plus absente de ma vie que de la leur. Certes, être célibataire peut être une vraie épreuve, mais se mettre en couple jeune peut l’être également. Je pense notamment au fait de se retrouver rapidement en gros décalage avec la plupart de ses amis encore étudiants, alors que nous accueillions nos premiers enfants (en fait, nous avons perdu la plupart de nos amis en devenant parents), ou encore, aux pièges d’une proximité (voire d’une dépendance) trop grande avec nos parents, liée à notre jeune âge, et qui peut faire beaucoup de dégâts dans le couple.

Dieu connaît le chemin

Voilà pourquoi je ne recommande pas plus de se marier jeune que de se marier tard ! A chacun son chemin, à chacun sa vocation et son histoire, Dieu sait ce qu’Il fait, et la clef est avant tout d’être bien accompagnés pour pouvoir discerner Son appel dans nos vies. C’est valable à tout âge, d’ailleurs !

Je voudrais simplement te dire, à toi a commencé à cheminer vers le mariage bien avant tes amis, qui peut-être a peur de faire une erreur ou de le regretter plus tard : Dieu connaît le chemin. Fais-Lui confiance. Reste à Son écoute, par la prière, un bon accompagnement, la lecture de la Parole, la prière des frères. Ce n’est pas parce que tu fais partie de la minorité que tu as forcément tort. C’est juste que nager à contre-courant, c’est tout de même moins reposant 🙂

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J'ai voulu créer ce blog quand, encore lycéenne, je me suis mise à chercher des infos sur la vision chrétienne du couple et des relations, et que je n'ai rien trouvé d'intéressant sur internet ! Aujourd'hui, quelques années ont passé, je suis mariée depuis 2019 et maman de trois petits bouts - et vous êtes sur le blog que la lycéenne que j'étais rêvait de créer :)

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