Parlons masturbation.

Oui, oui, parlons-en. Grand tabou dans beaucoup de familles, et chez beaucoup de chrétiens en général (vous en entendez souvent parler à l’église, vous ?), la masturbation est pourtant une pratique omniprésente, parfois dès le plus jeune âge, et ça vaudrait quand même le coup de savoir quoi en penser. Et surtout, de savoir ce que Dieu en pense 🙂

La masturbation : petite définition

Selon le dictionnaire Le Robert, la masturbation est une « pratique qui consiste à provoquer (sur soi-même ou sur un, une partenaire) le plaisir sexuel par des contacts manuels ». Concrètement, il s’agit d’une recherche de plaisir, et le plus souvent d’orgasme, généralement en solitaire, et parfois en couple.

Dans cet article, nous allons nous concentrer sur la masturbation en solitaire, puisque c’est le sens premier que beaucoup de gens donnent au mot « masturbation » : une personne qui se donne du plaisir, seule. Mais la masturbation en couple est un vrai sujet, qui méritera sans doute d’être abordé dans un article à part entière.

Bon, et du coup ?

La masturbation, je vous l’avoue franchement, je n’en avais jamais entendu parler dans ma famille, alors que mes parents m’ont éduquée très tôt à la sexualité et avaient un vrai désir d’information et de transparence à ce sujet. Peut-être parce que je suis une fille ? Quoi qu’il en soit, la première fois où j’en ai entendu parler, c’était dans la rubrique sexo d’un magazine santé, qui vantait les mérites de cette pratique « absolument naturelle et saine », « pleine de bénéfices pour le bien-être de la personne et pour sa sexualité », etc.

Un peu intriguée, j’ai également découvert à cette occasion que la masturbation est « pratiquée par tout le monde », que « c’est juste qu’on n’en parle pas », et autres généralités qui ont été comme une révélation pour moi à l’époque. Effectivement, je n’en avais jamais entendu parler, mais si tout le monde le fait, quel est le mal ? Et c’est ainsi que je suis tombée dans le piège.

Car la masturbation est véritablement un piège.

Le principe du piège, c’est que tu tombes dedans sans te méfier (sinon, personne ne se ferait prendre). Beaucoup d’enfants ou d’ados se masturbent une première fois sans même savoir que ce qu’ils font porte un nom. Par curiosité, imitation, inadvertance, quelle qu’en soit la raison, il y a une première fois, puis une deuxième, et avant même de s’en rendre compte, l’addiction est là, et avec elle, la quasi-impossibilité de faire marche arrière.

C’est ce qui m’est arrivé. Quelques temps après mes premières expériences, me voilà qui assiste à un camp de jeunes chrétiens où, enfin, le sujet de la masturbation est abordé. J’entends alors pour la première fois la parole de l’Église sur cette pratique, une parole claire, sans équivoque : « La masturbation est un péché ». Je suis un peu surprise, mais pas tant que ça, car cela fait sens avec le sentiment de honte diffuse que j’éprouve à ce sujet.

Mais voilà, bien décidée à arrêter, je me rends à ce moment compte que je n’y arrive pas. J’essaie, réessaye encore de clore ce chapitre, mais rien à faire, le besoin de se masturber est trop fort, l’envie surgit dès que je ferme la porte de ma chambre, et je perds pieds. Je réalise alors que je suis tombée dans un piège, que ma liberté est atteinte, que l’habitude est déjà trop ancrée.

Or Dieu chérit plus que tout ta liberté

Cette liberté que tu as obtenue de Dieu, prends-en soin ! Aujourd’hui, tant de personnes clament qu’il est « interdit d’interdire », que chacun fait ce qu’il veut de son corps, qu’on a bien le droit de se donner du plaisir et qu’il n’y a aucun mal à ça. Pourtant, entrer dans l’engrenage de la masturbation, c’est devenir esclave du plaisir. Le cerveau redemande sans cesse son shoot de dopamine, plus particulièrement lors des coups de mou, des périodes de fatigue ou de stress (mais pas seulement).

C’est ce que souligne le médecin et sexologue Gilbert Bou Jaoudé dans un article de La Dépêche :

« Les sujets touchés sont le plus souvent accros à la jouissance et non pas au geste en lui-même. Ils recherchent la décharge d’hormones et de neurotransmetteurs du bien-être que fournit l’orgasme. C’est une drogue. »
Dr Gilbert Bou Jaoudé

Cette addiction est un obstacle sérieux à notre liberté. Avant toute question de morale ou de péché, arrêtons-nous une seconde sur ce point. La masturbation constitue une entrave à notre liberté ! Tous ceux qui affirment que la masturbation fait du bien, qu’elle est normale et nécessaire, parlent rarement de l’addiction qui en découle. Et qui dit addiction, dit cercle vicieux de la dépendance, de la honte, du repli sur soi et de la haine de soi. Rien à voir avec la sexualité voulue par Dieu, qui est bonne, saine, don de soi et source de communion avec l’autre !

Mon corps n’est pas un objet

L’autre question soulevée par la masturbation est celle du rôle du corps. Mon corps est-il un objet de plaisir, que je manipule à mon gré, sans conséquences ? Ce n’est pas la vision que Dieu a de lui. Jésus a même choisi de s’incarner, de prendre un corps humain pour venir parmi nous et vivre la réalité de ce que nous vivons, y compris les douleurs, la fatigue, les limites naturelles de notre corps.

Le christianisme est une religion du corps, une religion incarnée. A ce sujet, écoutons le Pape Jean-Paul II nous parler du corps :

« L’être humain est un être corporel. Cette affirmation toute simple est lourde de conséquences. Si matériel qu’il soit, le corps n’est pas un objet parmi d’autres objets. Il est d’abord quelqu’un, en ce sens qu’il est une manifestation de la personne, un moyen de présence aux autres, de communication, d’expression extrêmement variée. Le corps est une parole, un langage. Quelle merveille et quel risque en même temps !

Jeunes gens et jeunes filles, ayez un très grand respect de votre corps et du corps des autres ! Que votre corps soit au service de votre moi profond ! Que vos gestes, vos regards, soient toujours le reflet de votre âme !

Adoration du corps ? Non, jamais !

Mépris du corps ? Pas davantage !

Maîtrise du corps ? Oui !

Transfiguration du corps ? Plus encore ! » (Saint Jean-Paul II, Message aux jeunes de France, Paris, 1er juin 1980)

Mon corps est le temple de l’Esprit-Saint

J’en parle dans cet article : mon corps est le lieu de la présence de Dieu. Cela me donne une grande responsabilité, un peu comme une femme enceinte qui fait attention à ce qu’elle mange ou aux charges qu’elle porte pour ne pas nuire à son bébé. Or, avec la masturbation, je joue avec mon corps, je détourne la sexualité de son but, qui est le don et la communion d’amour dans le mariage, pour en faire une activité solitaire et auto-centrée.

C’est tout le contraire du plan d’amour de Dieu pour la sexualité. Et ce n’est pas pour rien si Satan nous attaque très fort sur ce point : son but à lui est de salir, de pervertir notre sexualité, de transformer l’amour en possession et le don en repli sur soi. S’il peut en plus, au passage, nous rendre addicts, c’est bingo !

Dieu, Lui, agit bien différemment. Tout ce qu’Il a créé, Il l’a fait dans un seul but : nous faire entrer dans une communion d’amour avec Lui et avec les autres. Après avoir créé Adam, Il déclare qu’il « n’est pas bon que l’homme soit seul » (Gn 2, 18). L’homme est un être de relation dans le plan de Dieu. Et la sexualité, le plaisir sexuel (qui, ne l’oublions pas, ont été créés et voulus par Dieu), ne font pas exception. S’ils ne servent pas l’objectif originel qui est l’amour, le don de soi à l’autre, ils ratent leur cible. Et c’est précisément ce qu’est le péché : le terme hébreu traduit en français par « péché » signifie « rater la cible ».

Sortir de la honte

Je voudrais à présent continuer à vous livrer humblement mon témoignage au sujet de la masturbation. Tout d’abord, rappeler l’importance pour les parents d’éduquer leurs enfants dans ce domaine, car en ce qui me concerne, si j’avais su ce que c’était et les dangers que cela comportait, je pense que je ne serai très probablement pas tombée dedans (je ne jette pas la pierre à mes parents qui m’ont donné une très bonne éducation à la sexualité par ailleurs, et qui pensaient peut-être que la masturbation ne concerne que les garçons – ce qui est on ne peut plus faux).

Outre que la masturbation est une prison, comme toutes les addictions, et un péché, il faut également être conscient qu’elle génère beaucoup de honte chez les personnes qui la pratiquent, et que cette honte est un véritable poison, qui se distille lentement dans tous les aspects de l’existence, et ce, même des années plus tard. La honte te fait croire à des mensonges ; elle te donne l’impression que tu n’es pas digne d’être aimé(e) et que Dieu Lui-même ne peut pas t’aimer, elle te dégoûte de toi-même et détruit ton estime de toi. Peu à peu, tu finis par te détester, et tu n’es plus capable d’aimer et d’être aimé.

Il faut être conscient que la honte liée à la masturbation entraîne tous ces sentiments négatifs, mais qu’aux yeux de Dieu, tu n’es pas moins aimable, ni trop loin pour Son Cœur. Dieu te veut libre, bien sûr, mais c’est ton péché qu’Il veut voir disparaître, pas toi.

Cette vérité a mis du temps avant de faire son chemin en moi, et encore aujourd’hui, j’ai parfois besoin de me la remémorer. A un moment donné, j’ai commencé à prier immédiatement après chaque chute, à demander pardon au Seigneur et à me jeter dans ses bras miséricordieux, au lieu de me replier sur ma honte comme je l’avais longtemps fait. Cela m’a aidée à retrouver une juste estime de moi-même, et surtout, cela a renforcé ma relation avec Dieu et m’a renouvelée dans ma capacité à aimer et à être aimée.

La libération de la masturbation

Cette manière de faire a joué un vrai rôle dans ma libération de la masturbation, mais ce qui m’a vraiment fait sortir de l’addiction, c’est le sacrement de la confession. Je crois qu’il n’y a objectivement pas de meilleur remède, et c’est en tout cas celui qui a marché pour moi, de manière radicale et définitive !

A un moment donné, j’ai pris la décision ferme et irrévocable d’aller me confesser après chaque chute. J’étais à l’époque dans une grande ville où il y avait facilement la possibilité d’aller se confesser, donc c’est certain que cela m’a grandement aidée ! Si je retombais trois fois par semaine, j’allais me confesser trois fois par semaine. Je ne me suis jamais autant confessée de ma vie, pour être honnête, mais finalement, j’ai eu de moins en moins besoin d’y aller, et un jour, j’ai réalisé que cela faisait longtemps que je n’étais pas tombée. Aujourd’hui, cela fait des années, et je peux dire avec certitude que la guérison a bien eu lieu, merci Jésus !

Si j’ai été libérée de l’addiction, les conséquences de la honte et de cette blessure dans ma sexualité ont longtemps demeuré, de façon diffuse, et j’ai dû également demander au Seigneur de venir guérir cela en moi.

Si je témoigne aujourd’hui, c’est pour que tu sois lucide sur la réalité de ce qu’est la masturbation, mais également que tu sois certain que la libération et la guérison sont possibles. Ta sexualité n’est pas « foutue » à cause de cette addiction, n’aie pas peur d’implorer l’aide du Seigneur et de croire en une libération totale et définitive. Si Dieu l’a fait pour moi, Il peut aussi le faire pour toi. Ton addiction ne te définit pas, elle ne dit rien de ta valeur, et pour Dieu tu restes le même : Tu as du prix à Ses yeux et Il t’aime.

Prions 🙏

Seigneur, nous Te demandons la libération de toutes les personnes enchaînées dans la masturbation. Nous Te supplions de venir les guérir, les sortir de la honte et de l’engrenage de l’addiction, les restaurer dans leur image de fils et de filles bien-aimés du Père, et les ouvrir à la beauté de la sexualité telle que Tu la vois, telle que Tu l’as créée et voulue de toute éternité.

Nous Te demandons de protéger les enfants et adolescents exposés de plus en plus tôt au fléau de la pornographie et de la masturbation, et de leur donner la force de résister aux tentations. Aide-nous à éduquer à la beauté et à l’exigence de la sexualité dès le plus jeune âge, avec lucidité et amour, et à toujours faire preuve de miséricorde et de patience.

Je vous laisse sur ce chant de Sylvain Freymond, Car Dieu a fait le serment :

Car Dieu a fait le serment
De nous délivrer
Du pouvoir de tous nos ennemis
Car Dieu a fait le serment
De nous libérer
Afin de le servir sans crainte
 
Et de marcher devant Lui
Dans la sainteté et la justice
Et de marcher devant Lui
Dans la sainteté et la justice
Tous les jours de notre vie
Tous les jours de notre vie…

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J'ai voulu créer ce blog quand, encore lycéenne, je me suis mise à chercher des infos sur la vision chrétienne du couple et des relations, et que je n'ai rien trouvé d'intéressant sur internet ! Aujourd'hui, quelques années ont passé, je suis mariée depuis 2019 et maman de trois petits bouts - et vous êtes sur le blog que la lycéenne que j'étais rêvait de créer :)

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