On n’en parle pas assez : le fait de devenir parents pour la première fois est un vrai choc ! Avoir un premier bébé est une étape importante à passer, parfois dans la douleur, mais indispensable et bénéfique pour toute la famille. Je vous partage ici mon témoignage afin de vous encourager dans cette étape souvent difficile.
Les joies (hum) de la maternité
Avoir des enfants, c’est que du bonheur, qu’ils disaient ! Pourtant, devenir parents est un accouchement à part entière. Il ne suffit pas de concevoir cet enfant, il faut ensuite le laisser nous transformer en parents, et cette étape est loin d’être évidente.
« On ne naît pas père, on le devient » : voilà une phrase bien connue qui prend tout son sens à ce moment-là. Certes, on rêve des premiers mois avec notre nouveau-né, on se projette, on idéalise un peu. Mais quand ces premiers mois arrivent, on se prend souvent une bonne claque en pleine figure, qui nous laisse KO et complètement dépassés.
Beaucoup de parents font l’expérience de cette claque du premier enfant, parfois bien douloureuse (mais heureusement, pas toujours). Il faut cependant préciser que non seulement ce n’est pas le cas de tout le monde, mais que certains le vivent lors de l’arrivée du numéro 2, après avoir traversé une sorte de lune de miel avec leur aîné. Pas de généralités donc, même s’il est vrai que ce passage difficile est vécu par de nombreux couples.
La fatalité n’existe pas
Si vous attendez votre premier enfant et que vous lisez cet article, peut-être commencez-vous à flipper un peu 😅 Honnêtement, mon but est au contraire de vous rassurer et de vous préparer, et en aucun cas de vous faire peur. Quand j’ai traversé cette étape avec mon aînée, je me suis sentie seule au monde, incapable, dépassée ; puis j’ai découvert que de nombreuses femmes traversaient la même chose que moi, et cela m’a beaucoup aidée.
Je peux vous dire également que chaque bébé est différent, chaque situation aussi, et qu’il se peut tout à fait que vous viviez l’arrivée de votre enfant avec douceur et sans heurts. Étant donné ce que j’avais expérimenté, j’ai beaucoup appréhendé la naissance de mon deuxième enfant, pensant que je revivrai tout ce que j’avais connu avec le premier. Mais ça a été complètement différent, beaucoup plus facile, loin de ce que j’avais imaginé.
Et enfin, je voudrais rappeler que ce n’est pas parce qu’on galère avec un enfant qu’on l’aime moins… De même que je n’ai rien contre les aînés en général, je suis moi-même l’aînée de ma famille 🙂
Devenir maman : rêve vs réalité
J’ai très jeune voulu devenir maman. Dès toute petite, je rêvais d’une famille nombreuse (12 enfants ! Je n’ai jamais envisagé les choses à moitié). Une fois mariée, je n’avais qu’une hâte, commencer à fonder notre famille.
Mais à peine tombée enceinte, je déchante complètement. Je suis malade comme jamais je ne l’ai été, vomissant à longueur de journée alors que c’était ma phobie, épuisée au point de ne pas réussir à sortir de mon lit certains jours, sans parler de l’anxiété et de la déprime qui ne me laissent aucun répit. Je suis obsédée par la peur de faire une fausse-couche et je ressens à 3000% le syndrome de l’imposteur. Pour les joies de la maternité, on repassera.
Après 4 bons mois de galère, les symptômes du premier trimestre disparaissent et je commence enfin à apprivoiser ma nouvelle condition de femme enceinte. Je sens le bébé bouger, je suis rassurée à son sujet et les cadeaux que nos proches nous offrent (petits habits, poussette…) m’aident à me préparer à l’heureux évènement à venir.
Puis arrive l’accouchement
Sans entrer dans les détails, celui-ci ne se passe pas du tout comme je l’espérais. Je m’étais pourtant très bien préparée, mais les circonstances, dont quelques pépins de santé, en ont voulu autrement. Je suis traumatisée, mais la rencontre avec ma petite fille est merveilleuse. Je ressens immédiatement un très fort amour pour elle, viscéral et fusionnel.
Le premier mois se passe très bien, avec mon mari en congé paternité. Nous recevons beaucoup de monde, pressés de rencontrer le nouveau membre de la famille. Je suis heureuse, bien qu’épuisée par les nuits hachées.
Cependant, quand mon mari reprend le boulot, la réalité me heurte de plein fouet. Je me retrouve seule avec mon bébé pendant de longues journées, suspendue au moindre de ses pleurs, stressée et manquant de confiance en moi. De violentes coliques du nourrisson débutent à peu près à cette période, me laissant désemparée et à bout. Je cherche partout la solution miracle qui m’aidera à trouver un semblant d’apaisement, sans succès.
C’est le choc, la grande claque
D’un coup, je prends conscience que je ne pourrai jamais revenir en arrière, que ce bébé a besoin de moi et que personne ne pourra remplacer sa maman. Le poids de cette responsabilité et l’impression d’être prise au piège me font perdre pieds. Je me sens nulle, incapable, les pleurs incessants de mon bébé m’agressent au plus haut point et font ressortir toutes mes insécurités.
Certains jours se passent malgré tout plutôt bien ; d’autres, en revanche, sont de véritables épreuves. Mon mari me retrouve parfois en larmes en rentrant du boulot. Je ne vis pas, je survis tant bien que mal, même si personne ne se doute de cela. Je ne me sens pas en droit de me plaindre, je suis censée être la plus heureuse du monde !
Je découvre tout, de l’allaitement à l’apprentissage du sommeil, en passant par occuper mon bébé lors de ses temps d’éveil et tenter de décrypter ses besoins. On me dit que j’ai beaucoup de chance, que ma petite fille est adorable et toute calme, que c’est rare d’avoir un bébé aussi paisible… et cela ne fait qu’accroître mon sentiment de culpabilité face aux difficultés rencontrées.
Puis, progressivement, je commence à reprendre pieds
Les coliques disparaissent, les nuits s’allongent, un rythme plus prévisible s’installe petit à petit. Et je respire, enfin ; je me sens, pour la première fois, femme avant d’être maman. Mon bébé m’apprivoise tout autant que je l’apprivoise et je m’habitue à la vie à trois. Je reprends le boulot, en télétravail, et cela me fait beaucoup de bien. J’ai beau toujours être à la maison, je me sens moins seule et je n’ai plus l’impression d’être dans le « 100% bébé ».
Il faudra quand même attendre que ma petite fille ait 9-10 mois pour que je me dise : ça y est, elle est totalement intégrée à notre vie, s’occuper d’elle est facile, on s’en sort bien. Entre temps, je suis tombée enceinte de notre deuxième, une grossesse de nouveau compliquée (heureusement, tout de même beaucoup moins que la première). Mais cette fois-ci, je sais que je ne ferai plus les mêmes erreurs.
Je prends conscience de tout ce que j’ai appris, parfois dans la douleur, souvent sur le tas, et je suis soulagée que toutes ces premières fois soient derrière moi. Il n’existe pas de cours pour devenir parents, alors on tâtonne, on se plante, on fait comme on peut, on se sent dépassé, mais on apprend malgré tout.
Et c’est vrai que mon expérience avec ma deuxième fille n’a rien à voir avec la première ! Je suis beaucoup moins stressée, j’ai davantage confiance dans ma capacité à m’occuper d’elle et à répondre à ses besoins. Quand elle traverse une période difficile (pic de croissance, maladie, régression du sommeil…), je ne panique plus comme avant ; je sais que ce n’est qu’une saison à passer, qui ne durera pas, et qu’il faut juste que je m’accroche quelques temps sans me décourager.
Cette période difficile peut laisser des traces
Parfois, et cela a été mon cas, la claque du premier enfant peut être vraiment éprouvante et vécue comme un traumatisme. Certaines femmes traversent des dépressions post-partum, certains couples sont même au bord de l’implosion, et toutes mes prières vont à ceux qui vivent cela. Pour ma part, comme pour la majorité des parents heureusement, cela n’a pas été aussi grave. Mais malgré tout, cette période a laissé des traces, et entendre un bébé hurler dans la rue ravive bien souvent des souvenirs stressants et douloureux à ma mémoire.
Pourtant, cette période m’a énormément appris, à tel point que je suis presque reconnaissante de l’avoir vécue. J’ai compris, avec le recul, qu’une grande part de mes difficultés venait de ma possessivité vis-à-vis de ma fille. J’en parle dans l’article L’amour est le contraire de la possession. En apprenant à redonner mes enfants au Seigneur, en refusant de les prendre comme un dû, en acceptant pleinement qu’ils ne m’appartiennent pas, je me sens de plus en plus libre et apaisée, loin de la maman que j’étais alors, angoissée et comme prise au piège de sa maternité.
Ce n’est que mon expérience, pas une généralité
En revanche, il est indéniable que la maternité ou la paternité nous font grandir, mûrir, et nous changent en profondeur. Nous avons souvent du mal à prendre conscience de l’immense cadeau que le Seigneur nous fait lorsqu’Il nous confie un enfant. Une nouvelle vie qui commence, qui naît et existe pour toujours, n’est-ce pas vertigineux ? Pas étonnant que nous le vivions parfois comme un choc.
Ne perdons donc pas de vue le miracle dont nous sommes témoins et acteurs en tant que parents, et acceptons de nous laisser déranger par ce don de Dieu. Il est si facile de finir par avoir peur de la maternité ou de la paternité, de voir tout nouvel enfant comme une menace et non comme un cadeau. Moi la première, j’ai bien cru que je serais dégoûtée du fait d’être mère, alors même qu’il s’agissait d’un de mes plus grands rêves.
Il faut dire que l’enjeu est immense et nous dépasse complètement. Si Dieu est la Vie (Jn 14, 6), est-ce vraiment surprenant que la vie sous toutes ses formes soit attaquée ? Un certain ennemi de Dieu n’aime pas que nous ayons des enfants ni que nous soyons heureux d’en avoir. Si nous en avons, il ne veut surtout pas que nous les voyions comme un don du Seigneur, mais au contraire que nous en fassions une idole qui nous détournera de Dieu. A nous de ne pas tomber dans cette embuscade qui nous est tendue, et qui est tendue à chaque parent de ce monde :
« Le Dragon vint se poster devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance. »
Ap 12, 4
Alors n’ayez pas peur
N’ayez pas peur d’accueillir tous les enfants que le Seigneur vous donnera ; Il vous donnera également la grâce dont vous aurez besoin pour vous occuper d’eux.
N’ayez pas peur d’être père, d’être mère ; vous en êtes capable, car le Seigneur vous rend capable.
N’ayez pas peur de traverser des périodes difficiles ; ce sont des saisons qui ne durent pas mais qui vous apprennent beaucoup et vous rendent plus fort.
N’ayez pas peur, aimez et soyez heureux, c’est tout ce que le Seigneur vous souhaite (et moi aussi) 🙂
Si vous souhaitez découvrir d’autres témoignages de mamans au sujet de la « claque du premier enfant », voici l’interview d’Agathe sur le blog Camille bavarde ainsi qu’une petite vidéo (en anglais) de la youtubeuse canadienne Loeppkyslife.
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