Ce que signifie vraiment « mon corps, temple de l’Esprit »

J’ai souvent entendu cette phrase : « Nos corps sont les temples de l’Esprit-Saint ». Adolescente, ça me semblait à la fois abstrait et intrigant, sans que je saisisse vraiment le sens de cette petite phrase à l’apparence anodine. Pourtant, ce qu’elle signifie vraiment est si profond et puissant que cela peut changer beaucoup de choses dans nos vies.

Une phrase de la Bible

Parler de temple de l’Esprit au sujet de notre corps nous vient de saint Paul, dans sa première lettre aux Corinthiens :

« Ne le savez-vous pas ? Votre corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint, lui qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu ; vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes, car vous avez été achetés à grand prix. Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps. » 1Co 6, 19-20

Le sanctuaire est le lieu où l’on honore Dieu, où on Le visite, où Il se fait présent pour nous. C’est une sorte de passerelle entre le Ciel et la terre, entre le visible et l’invisible, entre le divin et le profane. C’est un endroit sacré. Dire que notre corps est un sanctuaire n’est donc pas anodin, d’autant plus que Paul ajoute : « Vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes, car vous avez été achetés à grand prix ». Celui qui nous a achetés, c’est Dieu, par le sacrifice de Jésus sur la Croix. Cela signifie que désormais nous Lui appartenons et que nous sommes devenus le sanctuaire où Il habite.

Cela a de grandes implications

Le fait de souiller quelque chose de sacré s’appelle une profanation. C’est un sacrilège, comme lorsque quelqu’un détruit une tombe ou vandalise une église. Précisément, à quel célèbre moment dans le Nouveau Testament voyons-nous Jésus se mettre en colère ? Face aux marchands du Temple :

« Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. » Jn 2, 16

Il nous est bien précisé que les marchands en question étaient dans le Temple, et non à l’extérieur. Ils avaient fait entrer du profane, c’est-à-dire quelque chose qui n’est pas sacré, dans le sacré du sanctuaire de Dieu. C’est la définition même d’une profanation. Et c’est pour cela que Jésus se met en colère, une juste colère face à ce sacrilège.

Aujourd’hui, le corps est profané

Nos corps sont devenus des maisons de commerce. Les laboratoires pharmaceutiques se font énormément d’argent sur le dos de notre santé. La GPA (mères porteuses) et la PMA (procréation médicalement assistée), sous couvert d’aider les parents à avoir des enfants, sont des poules aux œufs d’or pour les laboratoires. N’oublions pas le clonage, volonté de se mettre à la place de Dieu pour créer la vie en s’affranchissant de Son intervention.

Et que dire de cette profanation suprême qu’est l’avortement ? Que ce soit par voie médicamenteuse, par opération ou via les moyens de contraception mis gratuitement à notre disposition, l’avortement fait entrer la mort dans le lieu même de la vie et de l’amour.

L’autre profanation suprême est bien entendu le viol, le corps de la victime étant objectifié par son ravisseur et comme « désacralisé ». Nous pensons souvent que l’avortement est un moindre mal pour les personnes violées. Pourtant, il s’agit bien d’ajouter une terrible profanation à celle, non moins terrible, que la femme vient de subir, alors qu’elle aurait tant besoin de consolation, de « réparation », de reprendre confiance dans le fait que son corps est toujours sacré aux yeux de Dieu.

Le corps de la femme, temple par excellence

Le corps des hommes est tout autant un sanctuaire que celui des femmes. Jésus Lui-même parle de son corps comme d’un sanctuaire juste après s’être mis en colère contre les marchands du temple :

« Des Juifs l’interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? » Jésus leur répondit : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais ! » Mais lui parlait du sanctuaire de son corps. » Jn 2, 18-21

Cependant, on ne peut que souligner le fait que le corps féminin est le signe visible de ce grand mystère. Le mot « utérus » se traduit en japonais kanji par ces idéogrammes « 子宮 », qui signifient « homme » et « temple ». Le professeur Jérôme Lejeune, qui a découvert l’anomalie chromosomique à l’origine de la trisomie 21 et s’est battu toute sa vie pour protéger les handicapés et les enfants à naître, aurait été émerveillé en découvrant ces idéogrammes.

Pour les Japonais, l’utérus est donc le temple de l’être humain. Qui, mieux que la femme enceinte, fait l’expérience concrète d’être un temple abritant le sacré ? Son corps accueille la vie d’un nouvel être qui dépend totalement de lui pour exister. Tout comme la Vierge Marie a été le temple de Jésus, chaque femme enceinte est appelée à être le temple de la vie que Dieu transmet au monde.

Pas étonnant que le corps soit si attaqué

Le diable hait notre corps car il est la marque de notre humanité et qu’il a celle-ci en horreur. Il le hait également car Dieu en a fait Son sanctuaire. A l’inverse, le Seigneur n’a pas honte de notre corps et de ses limites. Il s’est incarné en Jésus, a pris corps avec notre humanité, devenant vrai homme et vrai Dieu.

Notre corps est donc profondément attaqué car le diable veut que nous le haïssions comme lui. Il veut nous couper de notre enveloppe charnelle et nous faire croire que notre corps est un « boulet », qui n’a pas d’importance puisqu’il est périssable. Pourtant, à la résurrection des morts, nous ressusciterons avec notre corps, comme le Christ. Nous ne faisons qu’un, corps, âme et esprit, à l’image de la Trinité, et c’est bien le travail du diable (diabolos signifiant en grec diviseur) que de nous diviser à l’intérieur même de notre être.

Il y a tellement de manières de nous diviser et de profaner ce sanctuaire que nous sommes, qu’il serait trop long d’en faire la liste complète. Mais pensons par exemple à la masturbation, au porno, aux addictions telles que la drogue ou l’alcool, aux désordres alimentaires comme l’anorexie ou la boulimie, aux pratiques à risque, à l’automutilation, à la médicalisation à outrance, aux déviances sexuelles…

N’ayons pas peur de nous engager dans ce combat

Une emprise de mort plane sur nos corps depuis le péché originel. C’est notamment l’une des interprétations que l’on peut faire de cette phrase énigmatique de Jésus :

« Là où sera le corps, là aussi se rassembleront les vautours. » Lc 17, 37

Les vautours rôdent autour de notre corps et nous devons les chasser de là, assurer notre rôle de gardien de ce sanctuaire et de l’Esprit-Saint qui y habite. Dieu aurait pu se choisir un meilleur palais que nos pauvres carcasses fragiles et si mal protégées ! Mais s’Il a choisi de vivre en nous, malgré tout, c’est parce qu’Il veut se faire proche de nous, parce qu’Il nous aime et qu’Il ne peut envisager d’être ailleurs qu’en nous.

Tant de personnes n’ont pas conscience de la présence de Dieu en elles ; mais nous, chrétiens, savons qu’elles sont elles aussi des temples de l’Esprit-Saint. C’est pourquoi notre regard sur elles doit être à la hauteur de l’immense mystère qu’elles convoient. Tant d’hommes (mais aussi des femmes !) ont un regard de convoitise ou de mépris sur les femmes qui les entourent. Ce faisant, ils ne les respectent pas et refusent de reconnaître la présence de Dieu en elles. Peu importe que la femme en question soit habillée de manière provocante ou non : nous sommes seuls responsables de notre regard.

En revanche, il est vrai que les femmes (et je m’inclus dedans) ont un vrai travail à faire pour refléter le Christ à travers leur beauté. C’est notre rôle, un rôle d’une dignité sans pareille, mais bien souvent nous l’oublions et entretenons un rapport ambigu à notre propre beauté. Ainsi, nous pouvons basculer dans un apitoiement incessant au sujet de nos complexes et de nos imperfections, tout comme nous pouvons chercher à cacher notre beauté naturelle derrière de nombreuses couches de maquillage ou des vêtements suggestifs. Ce faisant, nous ne nous respectons pas non plus et ne respectons pas les hommes qui nous entourent. Nous n’honorons pas la présence de l’Esprit-Saint à l’intérieur de nous.

Jésus vient nous réunifier avec notre corps

La bonne nouvelle, c’est que dans ce combat, nous avons un allié de taille ! En s’incarnant, Jésus a redonné à notre corps toute sa valeur, que nous avions oubliée à cause du péché originel. Il nous fait cet immense cadeau de nous réunifier, là où le diable cherche à nous diviser, pour que nous devenions enfin pleinement nous-mêmes, corps, âme et esprit.

« Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu » Saint Irénée

L’incarnation de Jésus nous permet de retrouver notre vraie identité, qui est d’être à l’image de Dieu. Ce n’est pas un hasard si les paroles de la Consécration, au cours de la messe, sont : « Ceci est Mon corps, ceci est Mon sang ». Dieu se donne avec tout Son corps dans l’Eucharistie, Il se donne à notre corps pour lui apporter la vie dont il a besoin.

C’est pourquoi, dans ce combat, l’Eucharistie est l’arme suprême que nous avons à notre disposition. En communiant au Corps et au Sang du Christ, nous recevons Dieu en nous de manière palpable et nous reprenons conscience que nous sommes le temple qu’Il habite. Nous sommes restaurés dans notre humanité, réunifiés, « resacralisés ».

De même, lorsqu’un couple marié fait l’amour, il devient concrètement ce « une seule chair » dont parle l’Évangile (Mc 10, 8). Par leurs corps unis dans l’amour, les amoureux sont le signe visible du mystère invisible : Dieu présent en nous. Il y aurait tellement à dire à ce sujet qu’un article entier ne suffirait pas !

Alors, en conclusion…

…allez souvent à la messe et faites l’amour (chaque chose en son temps, il va sans dire !) 🙂

Nous sommes tous appelés à « glorifier Dieu dans notre corps », comme nous le demande saint Paul (1Co 6, 20). N’ayons donc pas honte de notre corps et de ses limites. Au contraire, soyons fiers d’être des temples de l’Esprit et refusons d’être moins que ça !

Que Dieu vous bénisse 🙂

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J'ai voulu créer ce blog quand, encore lycéenne, je me suis mise à chercher des infos sur la vision chrétienne du couple et des relations, et que je n'ai rien trouvé d'intéressant sur internet ! Aujourd'hui, quelques années ont passé, je suis mariée depuis 2019 et maman de trois petits bouts - et vous êtes sur le blog que la lycéenne que j'étais rêvait de créer :)

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