Face aux épreuves de toutes sortes que nous traversons, nous sommes tous tentés un jour ou l’autre de nous poser cette question : pourquoi ? Pourquoi moi ? Pourquoi Dieu permet-Il cela ? Spoiler : ce n’est pas la bonne question.
Les « Pourquoi » nous poussent à accuser Dieu
Soyons honnêtes et acceptons de faire la vérité, pour être vraiment libres. Lorsque nous rencontrons une situation difficile, nous avons souvent l’habitude de nous demander : pourquoi Dieu nous fait-Il vivre ça ? Avons-nous fait quelque chose de mal ? Et nous continuons avec des pensées du genre : je trouve que Dieu s’acharne un peu sur moi en ce moment ; je fais tout ce que je peux pour être fidèle aux commandements du Seigneur, et voilà comment Il me remercie ?
Cela me fait penser à sainte Thérèse d’Avila, qui avait déclaré : « Cela ne m’étonne pas, Seigneur, que vous ayez si peu d’amis, quand je vois la manière dont vous les traitez… » C’est un fait, les épreuves « éprouvent » notre foi. Les Anglais parlent de « test » ; nous avons parfois l’impression d’être effectivement testés par le Seigneur ! Mais quoi qu’il en soit, le fait de nous demander pourquoi cela nous arrive nous pousse à chercher un bouc émissaire. Et bien souvent, celui-ci ne peut être que Dieu à nos yeux.
Or, nous avons horreur de l’injustice
L’injustice nous met hors de nous et ce, d’autant plus si nous en sommes personnellement victimes. Dès lors, quand nous rencontrons des épreuves et que nous avons le sentiment qu’elles sont injustes, nous allons accuser Dieu d’injustice. Pourtant, Dieu est profondément juste, comme nous le rappelle le psaume :
« Le Seigneur est justice et pitié, notre Dieu est tendresse. » Psaume 114
Si Dieu n’est pas juste, qui d’entre nous l’est ? Si Dieu n’est pas amour, alors Il n’est pas Dieu. Mais nous avons beau être chrétien, nous avons du mal à Lui faire confiance. Nous voulons comprendre, nous voulons juger de la pertinence de ce qui nous arrive, nous voulons nous établir à la place de Dieu en tant que maître de la vie.
Dans son livre Maman, lâche-moi !, Anne Merlo nous avertit également au sujet de l’injustice que nous ressentons dans les épreuves : « Si nous voulons croire en la justice de Dieu, cessons de crier à l’injustice dès que nous souffrons. Nous sommes très susceptibles au sujet de l’injustice, et toute situation manifestement injuste nous fait bondir et nous met en colère avec le désir de dénoncer l’injustice et de faire justice nous-mêmes. Effectivement les hommes sont terriblement injustes et le diable aussi, mais cessons de dire que c’est Dieu qui l’est. Craignons particulièrement cette pensée qui est un blasphème et prenons la résolution de chasser ces convictions mensongères de nos vies ».
Les « Pourquoi ? », un poison pour notre existence
En nous demandant pourquoi nous vivons telle ou telle épreuve, nous ne trouvons généralement pas de réponse satisfaisante. Les seules réponses qui nous viennent à l’esprit sont, nous l’avons vu, des accusations contre Dieu. Dès lors, le diable peut facilement s’engouffrer dans la brèche et nous amener à douter de notre Créateur, à nous faire une fausse image de Lui, voire à nous détourner de Lui.
Allons-nous tomber dans le piège ? Allons-nous rajouter à la douleur de l’épreuve que nous traversons, la souffrance terrible de ne plus pouvoir faire confiance à Dieu ? Allons-nous vivre tout cela sans Lui, sans Son aide précieuse, sans Son pouvoir de consolation ?
En cherchant à comprendre ce qui nous arrive, en essayant de trouver le sens de tout cela, nous nous posons une question sans réponse. Peut-être comprendrons-nous plus tard ; peut-être ne comprendrons-nous jamais. La femme qui fait face au deuil de son enfant saura-t-elle un jour pourquoi elle a dû affronter cela ? Non, car ce n’est pas la bonne question.
La bonne question est : comment ?
Comment vais-je vivre cette épreuve ? Vais-je la vivre avec Dieu, ou sans Lui ? Vais-je la vivre dans l’abandon à la Providence, dans la confiance, ou dans l’amertume, la colère, le ressentiment ?
Je suis très touchée par un jeune couple, Chiara et Enrico, dont l’histoire est racontée dans le livre Nous sommes nés et ne mourrons jamais plus aux éditions Artège. Ce couple italien aura successivement deux enfants qui mourront chacun environ une demi-heure après leur naissance. Puis, lorsqu’elle se découvre enceinte pour la troisième fois, d’un enfant viable cette fois-ci, Chiara apprend qu’elle est atteinte d’une tumeur très dangereuse et fulgurante, qui l’emportera peu de temps après.
Les épreuves traversées par ce couple sont immenses et incompréhensibles. Nombre de leurs amis ont essayé de décourager Chiara et Enrico d’avoir d’autres enfants, ou ont déclaré qu’ils avaient dû faire quelque chose de mal pour que Dieu s’acharne sur eux à ce point. Mais eux ont gardé la confiance et l’espérance qu’ils avaient placées dans le Seigneur. Ils n’ont pas cherché à comprendre pourquoi cela leur arrivait. Ils n’ont pas récriminé contre Dieu.
Au contraire, ils ont tout vécu avec Lui
Et ça, ça change tout. A tel point que lors de l’enterrement de leur premier enfant, une petite fille du nom de Maria Grazia Letizia, l’assemblée toute entière a été émue par la paix et l’amour qui se dégageaient des deux parents. Simone et Cristiana, un couple d’amis qui a raconté leur histoire, écrivent même : « Tout est si beau que nous serions presque portés à souhaiter de telles difficultés, histoire de savoir ce que l’on éprouve à recevoir autant de réconfort. Penser ça est absurde, mais c’est pourtant ce qui s’est passé. »
Ce réconfort immense est le cadeau que Dieu offre à ceux qui se confient en Lui. Nous nous privons de le recevoir parce que nous cherchons des réponses à nos « Pourquoi ? » et que cela nous amène à douter. Au lieu de cela, nous avons à goûter à la joie inestimable de nous savoir aimés en toutes circonstances. Nous pouvons traverser toutes les épreuves de la vie si c’est avec le Seigneur. Car avec Lui, nous sommes inébranlables.
« Le Seigneur est pour moi, je ne crains pas. (…) Je te rends grâce car tu m’as exaucé : tu es pour moi le salut. » Psaume 117
Laisser un commentaire