La sexualité, de la blessure à la guérison

Un des sujets les plus douloureux dans les couples est la question de la sexualité. Nous aspirons à une communion profonde, mais nous expérimentons souvent durement toute la distance qui nous sépare, nos manques d’amour, nos difficultés à nous donner. Oui, notre sexualité est blessée, et Dieu ne souhaite pas seulement la guérir : Il veut nous faire vivre une sexualité bénie, surnaturelle, qui a le goût du Ciel.

La sexualité est attaquée parce qu’elle est extraordinaire

Il y a un point à préciser à ce sujet : non, la sexualité n’est pas un péché. Elle est un don incroyable de Dieu, qui nous fait expérimenter très concrètement l’immense amour qu’Il a pour nous. C’est l’un des piliers du mariage, sans lequel le mariage s’effondrerait, car en tant que couple notre appel est de faire « une seule chair », ni plus, ni moins (Gn 2, 24).

La sexualité est au couple ce que la célébration de la messe est au prêtre : les pères de l’Église parlent même d’autel conjugal à propos du lit des époux. Dire la messe est aussi important pour un prêtre que faire l’amour pour un couple marié ! Lorsque nous nous unissons avec amour, nous faisons une seule chair, mais également un seul cœur et une seule âme. Nous faisons advenir le Royaume de Dieu sur la terre. Voici ce qu’en disent Alex et Maud Lauriot-Prévost dans une interview pour Famille Chrétienne en avril 2011 :

« Jean-Paul II parle de la sexualité comme de la « liturgie propre des époux » au sens où elle est un signe visible d’un mystère invisible, celui du « grand mystère » du mariage dont parle saint Paul : la Genèse présente le couple à « l’image de Dieu », de ce Dieu d’amour et de communion intenses ; quand un homme et une femme s’unissent, ils sont donc appelés à rendre grâce à Dieu à travers leur union conjugale. »
Alex et Maud Lauriot-Prévost

La sexualité est donc une véritable communion entre trois personnes : le mari, la femme et Dieu. Dieu s’y manifeste puissamment, nous unissant et faisant grandir notre amour. A chaque fois que nous faisons l’amour avec amour (😉), le règne de Dieu se rapproche et nous Lui permettons d’être plus présent dans notre monde. Nos unions transforment non seulement notre couple, mais aussi notre famille et le monde entier. Et cela, grâce à la puissance de notre sacrement de mariage. Extraordinaire, n’est-ce pas ?

La blessure

Face à un tel enjeu, il n’est pas étonnant que le diable cherche à abîmer notre sexualité. En tant que lieu privilégié de la présence de Dieu, celle-ci est l’un de ses terrains de jeu favoris. Vision négative de la sexualité, peurs, difficultés à se donner et à accueillir l’autre, égocentrisme, désir de possession, imagination débridée, utilitarisme… la blessure de notre sexualité peut présenter de nombreux symptômes. Elle trouve sa source dans la blessure du péché originel, mais aussi dans notre éducation, les blessures héritées de notre famille ou encore notre histoire personnelle.

Le porno, la masturbation, les expériences sexuelles hors-mariage créent de vraies blessures qui, si elles ne sont pas soignées, courent le risque de « s’infecter » et d’empirer avec le temps. Les soi-disant « erreurs de jeunesse » sont souvent beaucoup plus graves qu’il n’y paraît, avec des conséquences sur la vie de couple parfois pendant de nombreuses années.

Et puis, il y a aussi tous ces moments où notre façon d’aimer l’autre n’a pas été suffisamment ajustée, où nous nous sommes plus ou moins servis de lui pour notre propre plaisir, où nous nous sommes refusés à lui. Toutes ces fois où nous nous sommes senti utilisés, pas respectés. Car dans ce domaine si intime, le moindre manque d’amour est vécu avec violence.

La loi qui nous protège

Il me semble important d’évoquer maintenant les différents « interdits » présents dans la Bible concernant la sexualité. Dieu nous a créés libres, et la loi qu’Il nous donne est une loi de bonheur et de liberté : c’est pour nous protéger du mal et du malheur que Dieu nous a transmis ces préceptes. Il sait que nous sommes facilement égarés par le péché et que nous avons besoin de garde-fous pour éviter de finir dans le fossé. Ces gardes-fous sont là pour nous empêcher de nous blesser, comme un père interdit à son enfant de toucher les plaques de gaz pour l’empêcher de se brûler.

« La Loi est sainte ; le commandement est saint, juste et bon. »
Rm 7, 12

Parmi ces « interdits » présents dans la Bible et rappelés par l’Église depuis de nombreux siècles, on trouve notamment :

  • L’adultère en actes et en pensées : « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras pas d’adultère. Eh bien ! Moi, Je vous dis : Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur. » (Mt 5, 27-28)
  • La sodomie : « Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme. C’est une abomination. » (Lv 18, 22)
  • La débauche et l’impudicité : « Fuyez la débauche. Tous les péchés que l’homme peut commettre sont extérieurs à son corps ; mais l’homme qui se livre à la débauche commet un péché contre son propre corps. » (1Co 6, 18)
  • Les relations sexuelles avec les prostituées : « Ne le savez-vous pas ? Celui qui s’unit à une prostituée ne fait avec elle qu’un seul corps. Car il est dit : Tous deux ne feront plus qu’un. » (1Co 6, 16)
  • La polygamie et les relations à plusieurs : « Étant donné les occasions de débauche, que chacun ait sa femme à lui, et que chacune ait son propre mari » (1Co 7, 2)
  • Toutes les pratiques où le sperme n’a pas le vagin de la femme pour réceptacle (masturbation, fellation, retrait…) : « Onane savait que la descendance ne serait pas à lui. Aussi, quand il s’unissait à la femme de son frère, il laissait la semence se perdre à terre, pour ne pas donner de descendance à son frère. Ce qu’il faisait déplut au Seigneur » (Gn 38, 9-10)

Ces préceptes ne sont pas des interdits arbitraires ; leur point commun est qu’ils visent tous à protéger notre corps, notre cœur et notre âme, ainsi que le corps, le cœur et l’âme de l’autre. Ils ont pour objectif de nous permettre d’être toujours plus libres, sans être esclaves de nos pulsions, et de pouvoir aimer vraiment.

Convertir notre sexualité

…convertir, c’est-à-dire tourner notre sexualité vers Dieu. Nos blessures nous replient sur nous-mêmes, nous poussent à nous méfier de l’autre et peuvent nous éloigner de Dieu. Du moins, c’est ce qui se passe lorsqu’elles ne sont pas guéries et qu’elles s’infectent. C’est une vérité que nous avons souvent du mal à voir en face : nos blessures nous rendent égoïstes si nous ne laissons pas Dieu les visiter. D’où l’importance de tourner notre sexualité blessée vers Dieu, le seul capable de la sauver et de la restaurer.

Nous ne pouvons pas guérir notre sexualité. Nous ne pouvons pas nous libérer de nos addictions, de nos mauvaises habitudes. Nous n’en sommes tout simplement pas capables ! Jésus est notre unique sauveur. Par Sa mort sur la Croix, Il a pris sur Lui nos péchés, nos misères, nos blessures, nos addictions. Il les a fait mourir avec Lui, pour qu’avec Lui nous puissions ressusciter à une vie nouvelle.

Notre sexualité peut donc être sauvée par Dieu, quelle que soit la grandeur de la blessure qui l’affecte. Que nous ayons vécu un viol ou un adultère, nous ne sommes jamais trop loin de la guérison. J’en ai moi-même été témoin à de nombreuses reprises. De nombreux couples, à commencer par le mien, ont expérimenté cette puissance du salut offert par Dieu à nos sexualités blessées.

Cette guérison est puissante, et elle est gratuitement donnée par Dieu à ceux qui la demandent. Le Seigneur ne nous demandera rien en retour. Tout ce qu’Il désire, c’est que nous soyons sauvés, que nous redevenions libres et capables d’aimer. Le seul obstacle est notre manque de foi, qui nous fait mettre des limites à Dieu :

« Jésus dit au centurion : « Rentre chez toi, que tout se passe pour toi selon ta foi. » Et, à l’heure même, le serviteur fut guéri. »
Mt 8, 13

Sommes-nous prêts à être ce serviteur guéri par Jésus ?

Je ne peux que vous encourager à vous appuyer sur votre sacrement de mariage. Dieu s’est engagé avec vous par ce sacrement, pour l’éternité. Et c’est un Dieu fidèle à Ses promesses et à Ses engagements, qui ne saurait se renier Lui-même.

« Tu sauras donc que c’est le Seigneur ton Dieu qui est Dieu, le Dieu vrai qui garde Son Alliance et Sa fidélité pour mille générations à ceux qui L’aiment et gardent Ses commandements. »
Dt 7, 9

J’ai connu des couples qui ont mis Dieu au centre de leur amour après des dizaines d’années de mariage, et ont vécu comme une seconde lune de miel… Rien n’est impossible à Dieu. Appuyons-nous sur Ses promesses, sûrs qu’Il nous exaucera. Implorons la guérison sans relâche, comme la veuve importunant le juge (Lc 18). Le vin nouveau de notre sexualité est toujours à venir, comme Jésus l’a montré avec le miracle des noces de Cana !

Je voudrais terminer par cette prière pour chacun de nos couples :

Seigneur, nous implorons la guérison de notre sexualité blessée.
Viens nous guérir, nous sauver, nous consoler.
Viens restaurer ce qui a été abîmé, visiter ce qui a été perdu, ranimer ce qui est mort en nous.
Viens puissamment visiter notre couple et notre mariage, notre « une seule chair » voulu par Toi depuis les origines.
Apprends-nous à aimer et à nous unir selon Ton cœur, Toi qui T’es engagé avec nous pour l’éternité lors de la célébration de notre sacrement de mariage.
Pour Ta plus grande gloire, amen.

J'ai voulu créer ce blog quand, encore lycéenne, je me suis mise à chercher des infos sur la vision chrétienne du couple et des relations, et que je n'ai rien trouvé d'intéressant sur internet ! Aujourd'hui, quelques années ont passé, je suis mariée depuis 2019 et maman de trois petits bouts - et vous êtes sur le blog que la lycéenne que j'étais rêvait de créer :)

2 Comments

  1. Audry NGENDAKURIYO Reply

    Merci beaucoup pour le contenu de ce blog.Je l’ai découvert il y a 3 semaines et il m’apprend beaucoup de choses.Soyez bénie.

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