Les trois grands désirs du cœur de l’homme

Il y a quelques années, encore fiancée, je suis tombée par hasard sur le livre Indomptable, le secret de l’âme masculine. Ça a été pour moi une révélation. Son auteur, John Eldredge, parle très simplement du cœur de l’homme et de ses aspirations les plus profondes. Grâce à lui, j’ai découvert beaucoup de choses sur mon homme, et sur l’homme en général. Alors, prêt(e) pour un voyage passionnant à travers le cœur de l’homme ?

Le cœur masculin, ce grand mystère

S’il y a bien une chose qui rend dingue beaucoup de femmes, c’est que le cœur de l’homme est un mystère qu’elles n’arrivent pas à sonder. Les femmes, elles, ont une certaine facilité à parler de ce qu’elles ressentent en profondeur, de ce qui les anime, de ce qui compte pour elle. Elles aiment faire des confidences à leurs amies et parler en cœur à cœur à leur conjoint.

Mais l’une des grandes frustrations de leur existence est de rapidement constater que les hommes, eux, n’arrivent pas à dire ce qu’ils ressentent. Ils n’arrivent pas à laisser parler leur cœur, à entrer en confidence. Et cela, même avec leur femme, même au bout de 40 ans de mariage. Certaines épouses finissent par dire, dépitées : « Il n’a pas de cœur ! ».

Il n’y a rien de plus faux. En réalité, tout homme, même le plus dur, a un cœur et des aspirations profondes. Mais il doit partir à la recherche de ce cœur, de son cœur. Car si l’homme a tant de difficultés à se dire, à se livrer, c’est qu’il ne sait pas lui-même ce qu’il ressent. Il ne sait pas vraiment qui il est en tant qu’homme, ni à quoi ressemble son cœur. John Eldredge a une explication très intéressante à ce phénomène :

« Eve fut créée dans la beauté luxuriante du jardin d’Éden. Mais souvenez-vous qu’Adam, lui, fut créé à l’extérieur du jardin, dans le désert. (…) Dieu créa l’homme au sein d’une nature sauvage, non domestiquée. C’est seulement après l’avoir créé que Dieu l’introduisit dans le jardin d’Éden. Depuis ce temps, les garçons ne se sont jamais vraiment sentis chez eux à l’intérieur, et les hommes ont une soif insatiable d’exploration. Nous aspirons à retrouver le lieu où Dieu nous a façonnés. »
John Eldredge, Indomptable

Dis-moi à quoi tu aspires et je te dirai qui tu es

Nos aspirations disent beaucoup de nous. Que désirons-nous ? Qu’est-ce qui nous fait vibrer ? C’est en répondant à ces questions que nous aurons une chance de découvrir de quoi est constitué notre cœur. Jésus Lui-même ne dit-Il pas :

« Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. »
(Mt 6, 21)

C’est valable pour les hommes autant que pour les femmes. Et un autre paramètre entre alors en compte : Dieu nous a créés à Son image et à Sa ressemblance.

« Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu Il le créa, Il les créa homme et femme. »
(Gn 1, 27)

En découvrant qui nous sommes, notre identité profonde de fils et filles de Dieu, nous découvrons également un peu plus qui est Dieu. Dieu habite dans notre cœur (Ep 3, 17), et Son cœur est bien plus semblable au nôtre que nous n’oserions l’imaginer. Le péché originel nous a coupés de notre cœur, et le monde veut nous faire croire que nos aspirations essentielles sont mauvaises et dangereuses, précisément parce qu’elles sont dangereuses pour lui.

A la recherche de notre cœur

Puisque le monde est sous l’emprise du péché, il est évident que nous ne trouverons jamais la clef de notre cœur auprès de lui. Pourtant, force est de constater que beaucoup de gens se lancent à corps perdu dans la recherche de leur identité en espérant que le monde saura leur donner une réponse. Il suffit de voir l’essor du développement personnel pour comprendre que cette quête est universelle et impérieuse.

Elle s’applique bien sûr également au domaine de notre sexualité. Nous ne savons plus ce que signifie « être un homme » ou « être une femme ». La différence hommes/femmes, pourtant présente dès la création de l’humanité, semble de plus en plus floue à nos yeux. En réaction à cette confusion, certains se réfugient dans une caricature de leur sexe (homme macho, femme éteinte et effacée). Mais le cœur de l’homme reste hanté par cette question vitale : « suis-je un homme ? un vrai ? ».

Seul Dieu peut nous apporter la réponse. Lui seul peut nous aider à retrouver le chemin de notre cœur. Lui seul sait qui nous sommes et pourquoi nous le sommes. Et en découvrant qui nous sommes, nous découvrirons également qui Il est, Lui. Comment a-t-Il créé notre cœur ? Quels désirs y a-t-Il inscrits ? John Eldredge distingue trois grandes aspirations présentes en tout cœur masculin, aspirations universelles que les films et la littérature n’ont cessé de dépeindre, et qui constituent ainsi un « signe de la masculinité ».

Premier grand désir : livrer un combat

Qui n’a jamais vu des petits garçons se bagarrer dans la cour de récré ? Des cousins jouer à « faire la guerre » pendant des heures, à l’aide d’épées en bois et de pistolets à eau ? Pourquoi, dans les combats de rue, trouve-t-on quasi exclusivement des hommes ? Traditionnellement (et c’est encore beaucoup le cas), la guerre est faite par des hommes. Doit-on en déduire que la violence est une caractéristique masculine ?

Eh bien, oui. Tout homme aspire au fond de lui à mener une bataille, à se battre pour quelque chose qui en vaut la peine. Cela ne veut pas dire que les hommes sont attirés par le meurtre, et bien sûr cela ne justifie pas les actes de violence commis. Ceux-ci sont d’ailleurs souvent le fait d’hommes mal installés dans leur virilité. En revanche, il existe une violence juste et nécessaire, et on pourrait même dire que Dieu est, d’une certaine manière, violent.

C’est la violence de celui qui se bat contre l’injustice au lieu de baisser les bras. Celle de l’homme qui défend sa femme face à des agresseurs (violence opposée à ce qu’on appelle « violences conjugales », où justement l’homme, au lieu de défendre sa femme, devient son bourreau). C’est la violence dont parle Jésus, quand Il dit :

« Le royaume des Cieux subit la violence, et des violents cherchent à s’en emparer. »
(Mt 11, 12)

Dieu « vomit les tièdes » (Ap 3, 16). On voit d’ailleurs Jésus renverser les comptoirs des marchands du Temple (Mt 21, 12). Il expulse des démons, n’a pas peur des pharisiens et des docteurs de la loi qu’Il n’hésite pas à défier malgré la menace sur sa vie. Il affronte le démon au désert. Et de fait, la vie spirituelle est un combat, contre les forces du mal, contre notre péché, loin de la vision bisounours qu’on nous montre bien souvent. C’est également ce qu’affirme le père Philippe de Maistre dans une interview pour le diocèse de Paris :

« Le message qu’entendent les hommes n’est-il pas trop souvent : « Sois gentil ! Réfrène-toi ! Mets en sourdine ta fougue ! » ? Il semble que notre société – et l’Église elle-même – ne sache plus que faire de tout cet aspect de la force, de ce désir de transgression naturel pour les garçons et les hommes. Vous seriez surpris de trouver parmi les ultras du PSG de bons pères de famille. Il y aurait aussi beaucoup à dire au sujet de la pornographie qui est une sorte d’exutoire et de drogue pour les « gentils garçons ». »
Père Philippe de Maistre

Deuxième grand désir : vivre une aventure

Le désir d’aventure est aussi profondément ancré dans le cœur des hommes que celui de mener un combat. La plupart des héros des films ou des livres d’aventure sont des hommes, pour la simple et bonne raison que les hommes aiment s’identifier à ce genre d’histoire. Explorer, repousser ses limites, connaître le risque, voici ce qui fait vibrer le cœur masculin.

Abraham a quitté son pays pour aller en terre inconnue, suivant l’appel du Seigneur. Jésus a passé 40 jours dans le désert. Paul a vécu des péripéties dignes d’un film de cinéma. Et que dire des aventures qu’ont vécues certains saints comme saint François Xavier ou saint Louis-Marie Grignion de Montfort ? Ceux qui prétendent que l’Évangile est pour les faibles et les mous n’ont sûrement pas lu le bon livre !

Pourtant, c’est vrai, cette aspiration à l’aventure est souvent bridée, dénigrée, étouffée. Dans une société où le contrôle est devenu la norme, tout doit être toujours plus aseptisé, normé et encadré. La prise de risque est rarement valorisée et la peur d’échouer paralyse beaucoup d’hommes, qui se réfugient alors dans une obsession du « bien faire » et de la sécurité.

Mais au fond d’eux-mêmes, la plupart des hommes aimeraient pouvoir prendre des risques, s’aventurer dans un endroit périlleux et découvrir des trésors.

« Il y a une raison pour que le commandant Cousteau ait pris des proportions mythiques. Il incarne l’aspiration que tout homme connaît depuis sa jeunesse, à savoir aller vers l’inconnu, pour y trouver un lieu où il pourra s’épanouir et réaliser son vrai destin. Il veut être conforme à ce que Walter Brueggeman dit de Dieu, « sauvage, dangereux, indépendant et libre » »
John Eldredge, Indomptable

Troisième grand désir : sauver une belle

Les hommes aiment les femmes. On dirait un titre de film, car la plupart des films montrent des hommes amoureux, séduit par une belle qu’ils cherchent à conquérir. Même dans les films d’action les plus saturés de testostérone, on trouve généralement une histoire d’amour. Est-ce pour capter l’intérêt des demoiselles qui regardent ? Ou tout simplement parce que ce qui motive l’homme à se battre et à vivre une aventure, c’est de le faire pour les beaux yeux d’une femme ?

Il suffit d’observer des garçons jouer au foot – ou à tout autre sport. Si un groupe de filles s’avance pour les regarder, le jeu prend une toute autre tournure ! Chaque garçon veut se montrer sous son meilleur jour, c’est-à-dire montrer sa force et sa capacité à gagner. Le regard d’une femme sur lui peut donner des ailes à un homme. Ce n’est pas qu’une question d’hormones. C’est quelque chose de profondément inscrit en lui. Jésus est mort pour sauver l’humanité, parce qu’Il l’aimait. Et chaque homme aspire à se donner entièrement à la femme qu’il aime.

« L’homme n’éprouve pas simplement le désir de se battre, mais celui de se battre POUR quelqu’un. (…) La bataille en soi ne suffit pas ; l’homme a besoin de romantisme. Il ne lui suffit pas d’être un héros ; il veut être le héros de quelqu’un de particulier, de la femme qu’il aime. Adam reçut en héritage le vent et la mer, le cheval et le faucon ; pourtant Dieu Lui-même reconnut que cela ne lui suffisait pas. Il lui manquait Eve. »
John Eldredge, Indomptable

Les trois grands désirs du cœur de la femme

Je ne vais pas parler dans cet article des trois grands désirs du cœur féminin (ce sera l’objet d’un autre article), mais ceux-ci sont liés aux désirs de l’homme. On pourrait dire tout simplement que les trois grands désirs de l’homme et de la femme sont complémentaires, et qu’un homme qui répond à ses aspirations profondes permettra à sa femme de répondre aux siennes, et vice-versa.

Un homme pleinement homme, voilà ce que recherche la femme ! Et bien sûr, l’homme recherche lui aussi une femme authentiquement féminine. Le grand drame de notre époque, c’est que nous ne savons plus ce que féminin ou masculin veut dire. Beaucoup de femmes ont peur des hommes, et beaucoup d’hommes se méfient des femmes.

Ainsi, on voit des femmes se plaindre constamment de leur mari, chercher à le changer, à le contrôler. Ce faisant, sans s’en rendre compte, elles brident son désir d’aventure et l’empêchent de mener ses combats. Alors qu’il voulait sauver sa belle, voilà que c’est elle qui tente de le sauver. Comment s’étonner que tant d’hommes soient frustrés et se demandent s’il leur reste encore de la virilité ? Nous, femmes, sommes appelées, par amour, à respecter et protéger les aspirations profondes des hommes de notre entourage. Acceptons qu’un homme soit, par définition, indomptable.

En revanche, il serait réducteur d’accuser uniquement les femmes du manque de virilité des hommes. La responsabilité de cette blessure vient en grande partie de l’absence de transmission d’homme à homme. Car aucune femme ne peut aider un homme à devenir pleinement « homme ». C’est auprès d’un autre homme que le garçon l’apprend. On pourrait donc dire que la crise de la masculinité vient d’une certaine manière des hommes eux-mêmes, qui n’ont pas su transmettre à leur fils ce qu’est « être un homme ».

« Pour devenir homme, le garçon a besoin d’accueillir et d’apprivoiser sa force. Ce travail ne peut se faire que par une transmission verticale face au Père. Au début de la Genèse, Adam est seul dans le jardin. Il ne devient homme que sous le regard du Père qui l’investit de son identité masculine dont il pourra ensuite faire le don à sa compagne. Il semble qu’aujourd’hui, cette donnée anthropologique évidente dans toute société ait été gommée de notre civilisation moderne. Dès lors, privé d’initiation et de confirmation de son identité, le petit d’homme confie les clés de son identité à la femme. Quand il croit quitter sa mère, c’est souvent pour se réfugier dans les bras de sa petite amie qui se retrouve dans le rôle d’une maman de substitution. »
Père Philippe de Maistre

Homme à l’image de Dieu

Comme je le disais plus haut, chaque être humain est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. L’homme, en tant qu’homme, est appelé à révéler au monde une partie de qui est Dieu. S’il ne le fait pas, s’il a honte de ce qu’il est, s’il se cache ou fait semblant d’être quelqu’un d’autre, c’est toute une facette de Dieu que nous n’aurons pas l’occasion de connaître sur terre.

Oui, les hommes, vous êtes précieux aux yeux de Dieu, vous êtes également précieux pour notre monde ! C’est bien sûr tout aussi vrai pour les femmes. Mais nous, les femmes, révélons une autre facette de Dieu. Notre mission, notre appel sont différents. Nous ne pouvons ni remplacer les hommes, ni faire les choses à votre place. Nous avons besoin de vous comme vous avez besoin de nous.

Je vous laisse sur cette citation de George Herbert :

« Il commence à mourir, celui qui n’éprouve plus de désirs »
George Herbert

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J'ai voulu créer ce blog quand, encore lycéenne, je me suis mise à chercher des infos sur la vision chrétienne du couple et des relations, et que je n'ai rien trouvé d'intéressant sur internet ! Aujourd'hui, quelques années ont passé, je suis mariée depuis 2019 et maman de trois petits bouts - et vous êtes sur le blog que la lycéenne que j'étais rêvait de créer :)

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